Marie Michelle Le Millier est une découverte plus récente. Elle peint à grands traits enlevés, à l’huile elle aussi, des femmes à l’étroit dans leur corps, sur la toile, dans leur rôle. Des femmes puissantes dont la physionomie sculpturale présente aussi bien de généreuses formes, de longs cils, que des mains et des pieds forts, signe de leur insoumission. De leur dangerosité potentielle. Diane au bain n’est jamais loin, et Actéon n’a qu’à bien se tenir. Sa palette est explosive et pastel à la fois : là encore la douceur et la force s’allient étroitement. Son univers coloré, sa manière qui insiste sur le trait plutôt que sur la touche, sont des interrogations sur les « types » racisés supposés. Tu me vois colorée ? Noire ? Ah bon. Si déjà tu me regardais ? Ses modèles semblent pris par surprise. Souvent, loin de poser, ils évitent le regard. Comme une aspiration à la rencontre sans a priori, sans cases préformatées, sans regard biaisé.
J’aime ces déesses qui semblent indiquer un paradis futur, se construisant, petit à petit, hors des normes hiérarchisées. Chez Marie Michelle Le Millier, le paradis est devant, pas derrière, et ça change tout. De l’air, de la beauté, des corps somptueux et assumés. Bonne rentrée !
Texte de présentation rédigé par Cécile Dufay, à l’occasion de l’exposition “ Dans tes yeux”, septembre 2024